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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 10:58

9782702423455.gifJ'ai indiqué il y a quelque temps que je me refaisais l'intégrale d'Agatha. Il fait doux dans le jardin et on accompagne volontiers ses élégantes histoires d'une citronnade ou d'un cocktail à base de rhum.

Mes premières lectures de la célèbre Anglaise remontent à la fin de l'adolescence. Je me rappelle avoir commencé avec l'Affaire Protheroe, qui m'avait bien estomaquée, et poursuivi en beauté avec Le meurtre de Roger Acroyd (qui demeure, à mon avis, un des meilleurs).

Agatha reste-t-elle un must, en ces temps où le héros ne se rase pas et a mauvaise haleine?

Pas un seul prolo dans ses ouvrages à part les domestiques de Lord Graham-Neville, toujours  très stylés et dévoués à leur maitre. Ils votent conservateurs ces imbéciles!

Pas d'homo, pas de djeuns, pas de borderline.

Mais...

- des jeunes femmes éthérées (celle-là se font assassiner),

- de jeunes idiotes (idem. Souvent des cuisinières. Elles s'appellent toutes Gladys),

- de vieilles chattes qui dégustent leur darjeeling en colportant des ragots,

- des colonels hors d'âge qui claquent leur retraite dans des spéculations de rosière ( quelques alcoolos, tout de même, mais whisky ou cognac plutôt que Corona), 

- d'impayables aristos que les traducteurs appellent "Votre Seigneurie",

- de mystérieuses espionnes très maquillées, souvent russes ou françaises,

- des rastaquouères venant du sud qui mettent en danger le bon vieil art de vivre à l'Anglaise.

Bref, la nostalgie de l'Empire.

J'ai essayé de relire dans un certain ordre. C'est capital car la bonne dame a démontré une certaine capacité d'évolution.

Entre La Mort dans les nuages, où les deux jeunes gens échangent sur leurs goûts communs et découvrent avec émerveillement qu'ils ont les mêmes (Entre autres, ils détestent le jazz et les nègres) et  Pension Vanilos, où deux des locataires sont de brillants étudiants africain et jamaïcain, elle a capté quelque chose du changement des moeurs.

Elle se moque parfois de ses vieux colonels (mais jamais des aristos, figures de proue d'une Angleterre éternelle).

 

Pour tout dire, il y a du génial, du bon et du moins bon. Parfois même du limite j'ai des impôts à payer.

La présence de Miss Marple, du grand Hercule ou de l'inénarrable auteur de romans policiers Mrs Ariadne Oliver ne suffit pas à garantir la qualité de l'intrigue, parfois bien emberlificotée et s'appuyant sur des coincidences tellement hasardeuses que même un amateur de TF1 les trouverait improbables. "Je passais dans la rue et j'entendis une conversation où il était question des plans secrets du sous-marin"... Ou à peu près...  (L'Homme au complet marron)

 

Je passe sur les traductions, surtout les premières, parfois peu fidèles au style assez lapidaire de la lady.

 

Mais franchement, il serait dommage de commencer par le quelconque Mystère de Listerdale alors que quelques pépites vous attendent.

Je ne décortiquerai pas la mécanique d'horloge des énigmes, on sait qu'elle est la reine du whodunit. Mais il n'y a pas que ça. Elle peint une société en train de disparaitre. Comme ce sont de fiers fils d'Albion, ils campent debout sur le Titanic en défiant l'iceberg. Rule Britannia!

Quelques tableaux valent le détour:  ladies déglinguées qui gardent toutefois la tête haute, vieilles filles émoustillées par le pasteur qui se disputent pour faire la quête à l'église,  ou touristes anglais en goguette qui ne savent pas qu'ailleurs on parle une autre langue ("Ces indigènes sont tellement sales et ignorants! Le croiriez-vous ma chère, leur Anglais est incompréhensible!"). Il faut dire que l'Empire est tellement vaste qu'ils sont partout chez eux.

Elle oscille entre un attachement viscéral aux valeurs victoriennes et un humour ravageur. Plutôt détonnant.

Ses portraits de jeunes femmes aussi méritent que l'on s'y arrête; elle décrit des filles fortes, qui veulent être indépendantes (du moins jusqu'à leur mariage...)

 

Parmi les meilleurs (partialité garantie):

Cinq petits cochons

La mystérieuse affaire de Styles

La maison biscornue

Je ne suis pas coupable

Drame en trois actes

Le vallon

Le flux et le reflux

Le miroir se brisa

Un cadavre dans la bibliothèque

Témoin muet

Le cheval pâle

et l'excellent La mort n'est pas une fin, qui offre la particularité de se passer dans l'Egypte ancienne. Le second mari de Mrs Christie était archéologue.  "C'est parfait , disait-elle, plus je vieillis et plus il m'aime".

 

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 00:00

Solenn Colleter publie un nouveau roman, Homme, voici ton fils, en avant-première sous forme numérique..

 

Homme, voici ton fils

 

Présentation de l'éditeur:

Un prêtre est retrouvé assassiné dans son église, au fond du baptistère. Une colombe veille sur son cadavre. Sur le corps martyrisé, le meurtrier a laissé un verset du Nouveau Testament : « Mon Père jusqu’à présent est à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre. »
Ce crime est le premier d’une série macabre, dont les mises en scène bibliques vont contraindre trois enquêteurs à réviser les Évangiles. Pour combattre le mal, il leur faudra remonter très loin dans le temps, des souterrains éboulés de Toulouse jusqu’à la Galilée d’il y a deux mille ans. Et se confronter aux conséquences infinies qu’une filiation mystérieuse peut engendrer sur le psychisme d’un jeune homme hors du commun…
Auteur des éditions Albin Michel, lauréate de nombreux prix littéraires, traduite à l’étranger, Solenn Colléter livre ici son troisième roman. Émaillé de morts violentes qui en font un « page-turner » par excellence, ce polar théologique bâtit un stupéfiant jeu de miroirs où le présent répond au passé, où la Ville Rose se reflète dans les eaux du lac de Tibériade. Sans jamais perdre de vue la réalité factuelle, textuelle, d’une des périodes les plus controversées de notre Histoire.

 

 

J'avais déjà évoqué le précédent roman de Solenn Colleter, Je suis morte et je n'ai rien appris, chez Albin-Michel, ouvrage remarqué qui a récolté une demi-douzaine de prix (et ce n'est pas une façon de parler).

 

Elle nous revient avec un "thriller psychologique". C'est l'auteur elle-même qui le nomme ainsi. J'ajouterais volontiers "thriller théologique". Pas ésotérique, hein?  Théologique. La différence est de taille car il s'agit ici d'une enquête sanglante, menée par un flic un peu dépassé par les événements de sa propre vie, une psychiatre dans le même état (codes du polar, n'est-ce pas?) et un ancien théologien qui s'interroge sur sa foi.

L'horreur des crimes et leur dimension machiavélique (ai-je dit diabolique?) les oblige à une relecture des textes sacrés, tant Ancien que Nouveau Testament.

Réinterprétation ébouriffante qui ramène les histoires de templiers, de rituels du fond des âges et de trésors cachés marqués d'une croix dans les églises romanes désertes au rang d'aimables bluettes.

La fin est ahurissante, avec un double effet que je n'ai pas  vu venir, arrogante que j'étais car je croyais avoir tout interprété... euh, compris.

 

 C'est ici

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 16:29

Voici que je reprends ma rubrique, Mes auteurs, mes lectures. Non que j'ai cessé de lire (N'arrivera jamais! Je suis en train de me refaire l'intégrale d'Agatha), mais le temps m'a manqué pour partager mes coups de coeur.

Or donc, Les doigts du Diable, chez l'Ecailler.

 

 Présentation de l'éditeur:

Quel rapport y a-t-il entre un dinosaure du crétacé et un humain du IIIe millénaire ? Le paléontologue Simon Boileau ne s’était jamais posé la question. Pourtant, ce qu’il va découvrir en pays cathare a de quoi révolutionner la pensée humaine plus que tous les trésors d’Occitanie. C’est même le genre de découverte qui vous met certaines personnes dangereusement à dos. Peu préparé à vivre dans un univers d’espionnage et de violence, Simon Boileau va pourtant devoir s’y débattre, délaissant sa fiancée Julie pour la sulfureuse Anna Grant.

À cheval entre deux mondes, sur les traces du mystérieux abbé Saunière et du chanoine Pouech, Les Doigts du Diable attire le lecteur au cœur d’une civilisation préhistorique disparue pour l’éclairer sur la mésaventure inouïe de Simon Boileau, ici et maintenant, dans notre XXIe siècle.

 

 

 

Dominique Delpiroux est toulousain (ben oui, c'est dit, comme ça on ne me prendra plus la tête) et je vous avais déjà parlé du Labyrinthe des Légumes, chez l'Ecailler du sud.

L'éditeur qualifie entre autres, les Doigts du Diable de roman noir animalier, mais on pourrait se poser de nombreuses autres questions.

 

Est-ce un polar? Oui, il y a un gendarme ET un flic (soyons fous!) et aussi des voleurs et aussi des meurtres.

Est-ce un thriller? Oui, il s'installe un suspense tendu, qui fait que très rapidement on ne peut lâcher le bouquin; ça m'a passablement énervée d'ailleurs parce que je ne me suis pas couchée avant de l'avoir fini alors que je l'avais commencé en fin d'après midi. Le héros, Simon Boileau, se débat dans une véritable toile d'araignée, tissée il y a très très longtemps.

Est-ce un polar scientifique? Oui, l'érudition de Dominique Delpiroux est immense et sa connaissance des animaux et de la nature préhistoriques est très pointue. Il nous dispense tout cela sans nous ennuyer une seconde.

Est-ce un thriller ésotérique? Hé, hé... Les Cathares, Saunière, Poueich.... Tout ça...

Historique? Hé ben... On ne peut pas ne pas dire que...

Religieux? C'est à dire...On pourrait aussi penser que...

 

Bref, ce truc est inclassable et très prenant. Il aborde des thèmes multiples, origine des civilisations, tolérance, religion, acceptation de l'altérité, toujours avec un humanisme profond.

L'écriture est toujours aussi délectable, coulante, élégante, s'adaptant à chaque époque et à chaque personnage décrit.

L'humour est également présent (Je ne vous dirai pas pourquoi la tortue s'appelle Arlette).

Ah, et l'amour aussi, avec une très sensible histoire si bien contée (en particulier les scènes intimes) que l'on dirait... que l'on dirait, fichtre, ne me frappez pas Monsieur Delpiroux... que c'est une femme qui les a écrites.

 

Conseil de lectrice: Commencez par lire le glossaire en fin de bouquin. Cela ne donne aucune information sur l'intrigue mais permet d'aborder bien plus aisément la civilisation antédiluvienne créée par l'auteur.

 

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21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 13:51

 

Angleterre, 1860. Dans son manoir reculé du Surrey, Cassandra Jamiston reçoit un jour une nouvelle dramatique : Thomas Fergusson a été assassiné à Paris. Mais, avant de mourir, il a eu le temps de lui transmettre un objet mystérieux : le Triangle de la Terre. A en croire l'ultime courrier de cette vieille connaissance, en y ajoutant trois autres pièces disséminées aux quatre coins de l'Europe, on peut obtenir... la Pierre philosophale ! Que recouvre vraiment cette énigme ésotérique ? Qui se cache derrière le Cercle du Phénix, société secrète dont les malversations et les assassinats terrorisent Londres, secte elle aussi en quête de cette création alchimique majeure que la légende prétend capable de transformer le plomb en or et de donner la vie éternelle ? Cassandra va-t-elle parvenir, avec ses proches, à résoudre ce mystère aussi fascinant que périlleux ? Magie, trahisons, alliances inattendues et rebondissements, suspense et surprises se succèdent dans ce roman envoûtant où chacun doit faire preuve de courage tout en affrontant ses démons.

J’ai eu l’heur de rencontrer l’auteur, Carolyn Grey, lors du légendaire « Books and the city » en juillet dernier.

Petite discussion avec Carolyn sur l’introuvable tombe de Bernardin de Saint Pierre et hop ! scotchée par l’humour caustique et en demi-teinte de la demoiselle, je me précipitai séance tenante chez mon libraire favori pour faire l’acquisition de son premier opus, édité chez Flammarion, après envoi par la poste (quand on vous dit que ça marche…)

Eh bien, c’est tout bon.

Oui, je me suis régalée et n’ai point peur de faire référence à mes chers feuilletonistes.

J’ai cru me retrouver à lire « Le club des valets de cœur », un épisode de Rocambole.

Intrigue menée de manière ébouriffante, héroïne péchue à souhait, sachant ce qu’elle ne veut pas, ne sachant pas ce qu’elle veut (so féminine), des méchants comme s’il en pleuvait (dont certains découverts juste à la fin, ah, ah !), du mystère, de l’occulte, du bizarre, de l’amour, de l’aventure.

Le tout dans le Londres mystérieux et glauque de la fin du XIXe siècle… pour commencer.

C’est une histoire, une vraie. Miss Cassandra Jamiston, so british, a d'autres aventures à vivre.

Quant à vous, c'est ici que vous rencontrez Miss Grey.

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14 avril 2008 1 14 /04 /avril /2008 20:24

"Elle était allée à l'université pour éudier la kinésithérapie.
La famille au grand complet l'y avait accompagnée, par un jour brûlant de janvier dans le Free State."
Deon Meyer, Le Pic du Diable, Seuil.

Ces trente mots (ou presque) devraient vous avoir accrochés. Un sentiment d'inquiétante étrangeté... Ai-je bien lu? Où est donc le bug?
Ah, j'adore marcher sur la tête!
Janvier est brûlant dans l'hémisphère sud. Près de Capetown  la terre est rouge, les croyances folles, les hommes féroces. La mort les accompagne. Terrible, juste par petites touches, sans cette dimension sanguinolente-il-est-beau-mon-serial-killer que je déteste.
Mon préféré chez Meyer:  Les soldats de l'aube, toujours chez Seuil.
Mais vous pouvez tous les lire. Pourquoi se priver, hein?

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4 mars 2008 2 04 /03 /mars /2008 20:32

Toujours à courir, et le blog s'en ressent. pardonnez-moi de ne pas vous rendre visite en ce moment; mes journées n'y suffisent plus.
Je lis cependant et je ne résiste pas au plaisir de vous faire (re)découvrir le roi des feuilletonnistes  du XIXe: plus prolixe que Dumas, plus audacieux que Balzac, plus échevelé qu'Eugène Sue, plus rigolo que Féval. J'ai nommé l'incomparable Ponson du Terrail, le père de ce vaurien de Rocambole. Très politiquement incorrect car le héros est un psychopathe carencé de la plus belle eau, et l'auteur le rend sympathique ce qui, à mon avis, était limite anarchiste à l'époque.
Les histoires sont tricotées avec foison de détails et de personnages, la vraisemblance n'est pas son problème. Ponson du Terrail "tirait à la ligne" c'est à dire que ces feuilletons étaient payées au nombre de lignes, en effet. D'où des dialogues mirifiques où les interlocuteurs répètent trois fois la même chose (- J'ai bien entendu? - Mais oui, mon cher... - C'est sûr?  - Absolument   = 4 lignes).
N'empêche: les intrigues sont hyper-tordues, les méchants apocalyptiques, les gentils si gentils qu'on se  prend à se placer du côté des méchants.
Au passage je suis, comme d'habitude, frappée par la violence de cette société  XIXe très bourgeoise et policée où la vie d'un homme ne vaut pas tripette et où le duel permet au plus fort d'assassiner qui il veut sans que les autorités ne bougent.  
Des aventures de Rocambole, je viens d'avaler deux pavés: Le club des valets de coeur et (tenez-vous bien) Turquoise la pécheresse. Des titres comme ça valent leur pesant de pistoles. 
L'intrigue n'est pas racontable tant elle est riche et profuse. Bien sûr à la fin les méchants sont punis, mais... Ah, ah, elle n'es pas morale cette histoire... Subversif, le petit père Ponson du Terrail.
Je l'avais découvert adolescente, condamnée à un repos forcé qui m'obligeait à dévorer les livres. Il y a, dans ces deux bouquins, un personnage de femme très moderne et indépendante, et un superbe jeune Prince russe de 20 ans.
Bien sûr l'écriture n'est plus celle dont nous avons l'habitude. il faut accepter de se laisser emporter par le torrent des histoires qui s'entremêlent.
Il parait que Ponson du Terrail avait tant de personnages, qu'il oubliait parfois ce qu'il en avait fait. Il a pu tuer un de ses héros au début du chapitre 15, pour le faire paraitre à la soirée de la comtesse au chapitre 27. Pour ne pas oublier ses morts, il utilisait des figurines, qu'il couchait sur la table au moment du trépas, pour résister à la tentation de les faire reparaitre.
Ponson écrivait si vite (le feuilleton était toujours pour la veille), qu'il ne se relisait pas toujours. Le ton est dramatique, lyrique, humoristique. Les héros s'exclament: "Malédiction!" lorsqu'ils sont confrontés aux durs coups du sort et "Tudieu!" avant de dégainer leur fleuret.
Petit florilège:
Le vieux monsieur se promenait tous les jours dans le jardin, les mains derrière le dos, en lisant son journal.
Avait-elle vingt cinq ans à peine ou touchait-elle aux rives désolées de la quarantième année?
Cerise n'avait poussé qu'un cri, mais ce cri avait pénétré dans le coeur de l'ouvrier comme la lame d'un poignard
La pauvre femme entendit ce coup de cloche dans son coeur mieux qu'elle ne l'entendit avec ses oreilles. 
Ah, quel style!     :-))


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17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 21:26
Je l’ai écrit sur le blog de Bon Sens, j’ai une dent contre cette icône des lettres françaises.
J’ai la faiblesse de penser que ce n’est pas le plus remarquable des écrivains français.
J’attends qu’on me démontre que son style est supérieur à celui de Maupassant (Ah, ah, ah !)
Oui, oui, je sais c’est un visionnaire, tout ça… Il a marché sur la lune et crapahuté au fond des mers. Tout juste si on ne le compare pas à Leonard de Vinci… (celui du Code…Je vais faire augmenter les visites sur le blog).
Oui, l’auteur doit être visionnaire. Doit-il être aussi être un modèle de petit-bourgeois étriqué ?
Que l’on soit clair : j’ai TOUT lu du petit père Verne. Il y avait chez moi l’intégralité de la collection Hetzel et, adolescente, je lisais n’importe quoi pourvu que ce soit en français. Le docteur m’avait même interdit de lire car j’en avais des maux de têtes.
J’ai donc lu des choses aussi visionnaires que : 
(Nota : j’ai mis des guillemets mais je reconnais volontiers que c’est parfois à peu près car je ne suis pas retournée chez Maman feuilleter mes souvenirs):
« Certes, il était chinois mais son visage n’était pas trop marqué et on aurait pu le prendre pour un européen ». Objectif : que le lecteur de base s’identifie au héros des Tribulations d’un chinois en Chine.
 « Les grands seigneurs russes ne craignent pas de déroger en épousant une Tzigane ». Michel Strogoff, des fois que l’on remettrait en question les choix sexuels du bon Michel
«  La montgolfière était attaquée par une armée de singes….oh, non…c’était des Nègres…on peut confondre… ». Capitaine courageux (devinez de quelle couleur est le capitaine courageux ?). « Certaines des Négresses avaient fait l’effort de se coiffer à l’européenne, alors que d’autres, qui avaient gardé leur coiffure tribale étaient tout à fait ridicules ». Ce Capitaine courageux est un florilège. Il y a aussi dedans, au moment où l’on sacrifie le bon Noir, ces mots délicieux : « Nègre de naissance, mais Américain de cœur ». [Autre note: le terme nègre n'ayant pas, au XIXe sècle, la connotation ultra-péjorative qu'il a de nos jours, faites donc comme s'il avait écrit blacks.]
« Quoique juif, il était fort bel homme ». Désolée, je ne me souviens plus du titre du chef d’œuvre…
Bref, Jules Verne veut son héros White, Anglo Saxon et Protestant.
S’il est catholique, il présente ses excuses au lecteur.
Je me demande si circulent aujourd'hui quelques versions expurgées.
Je ne prétend pas que l’on doit censurer Tintin au Congo. Ce serait tout à fait stupide. Il suffit d’expliquer aux enfants dans quel contexte l’auteur a écrit, quelles étaient les croyances de l’époque et apprendre à chacun à se faire une opinion personnelle. Mais bon, si on cloue Hergé au pilori (alors que dans Coke en Stock, par exemple, ou dans le Lotus bleu, on note l’évolution personnelle de l’auteur) on peut filer quelques coups de latte à Jules Verne.
Surtout qu’il avait Dumas comme contemporain. (le père de Dumas, général d'empire, était métis) Est-ce à lui que le grand Alexandre a dit : « Oui, comme vous le dites, je descends du singe. Ma famille commence là où la vôtre finit » ? 

Ce blog devient polémique. La prochaine fois, je vous parlerai de mes nouvelles chaussures.
 
 
 

 

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4 novembre 2007 7 04 /11 /novembre /2007 10:01

Il y avait le Club des Cinq. Incontournable et jouissif.
Le premier avait été offert à mon frère  lors d'une remise de prix, à l'issue du cours préparatoire. (En ce temps-là, on remettait des prix aux bons élèves, petits enfants de France).
Le Club des cinq et le Trèsor de l'Ile. C'était le livre de la rencontre entre les quatre cousins. Dévoré, adopté.
Je voulais être Claude, bien sûr, la fille-qui-voulait-être-un-garçon. C'était une brunette aux boucles courtes, comme moi. L'idée que l'on puisse s'identifier à la fade Annie me faisait rire. J'étais mitigée, toutefois, sur le chien au nom de roi mérovingien.( Le traducteur de Madame Blyton devait être un mémorable fumeur de moquette).
 J'avais cependant trouvé les limites du club : les cousins qui prennent toujours leurs vacances tous seuls et qui ne grandissent pas, errant de contrebandiers en gitans, circulant dans des roulottes sur la lande, et toujours sauvés par le clébard. Je crois cependant qu'ils sont responsables de mon premier voyage en Angleterre et de mes promenades sur les étendues désolées du Devonshire. Il y avait cinq images couleurs par bouquin, sur lesquelles je me précipitais. Des illustrations qui suscitaient des rêveries sans fin. Les cousins en pique-nique, au milieu des herbes folles, une roulotte en arrière-plan.

Il y avait les soeurs Parker, Liz et Ann, une brune, une blonde, toujours fourrées dans des histoires invraisemblables, première incursion dans les highs schools anglo-saxonnes.
Il y avait Alice, qui conduisait avec désinvolture son cabriolet bleu (son père était avoué) et dont le sympathique fiancé arrivait à point nommé pour faire figuration en fin de roman. Leurs relations, éthérées, suaves, policées n'autorisaient aucune dérive tendre. Le contrebandier (le contrebandier!) menaçait la belle, Ned  (ou Ted?) arrivait cheveux au vent, et hop! Emballez-moi ça, les méchants vont en prison.
Tout de même, c'était des portraits de filles fortes, qui se débrouillent et résolvent des énigmes, les fiancés n'étant que là où on les pose.
Mon héroïne c'était Fantômette, d'un justaucorps vêtue, avec sa cape bicolore, son grand col empesé et ses collants noirs, un loup vénitien sur le visage. Fantômette m'a fait passer des heures haletantes et comiques, flanquée de ses deux acolytes improbables (Ficelle et Boulotte) à la poursuite de bandits chapeautés (le Furet, le prince d'Alpaga).  Fantômette est une des responsables de ma vocation littéraire car je ré-écrivais ses aventures, penchée des heures entières sur la table du jardin. Mon frère écrivait à mes côtés, parsemant les histoires de bagarres supplémentaires et de matches de foot (qui manquaient dans le texte d'origine, il faut bien l'avouer).
Franchement, autant Superman est ridicule, avec son costume bleu pétard, autant Fantômette était classe, petite souris en jaune, rouge et noir, frêle silhouette qui jaillit de l'ombre, pour se moquer du brigand.

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Le trésor est derrière le mort.
Lectrices, allez faire un tour et prenez votre thé Earl Grey pour accompagner les madeleines.
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23 septembre 2007 7 23 /09 /septembre /2007 16:00
Je sais, je me fais rare, pour cause de boulot par-dessus la tête et de gorge serrée à l’idée que dans 9 jours…
Sous ma couette, fenêtre ouverte aux vents du Lauragais qui s’engouffrent frémissant dans ma cour toulousaine, j’ai dégusté ce matin quatre nouvelles de Magali Duru.
Encore une des filles du Noir, vous dites-vous blasés, et pensant que copinage et cirage de pompes… Vous auriez tort de ne pas vous précipiter. Noires sont les nouvelles, mais avec, pour nombre d’entre elles une ouverture vers un ailleurs qui fait que l’on referme le recueil soulagé. Un humour percutant, une humanité sensible (la nouvelle intitulée Les beaux dimanches m’a mis les larmes aux yeux), un style brodé au petit point. De vrais petits univers tracés en quelques phrases, des personnages plein d’épaisseur, auxquels on s’identifie ave délices.
Il s’agit là de la première publication de Magali Duru, qui sévit ici, et dont j’espère impatiemment lire d’autres opus. Mais ce n'est pas un coup d'essai. Elle est déjà l'auteur de nouvelles primées et de petites pièces délicieuses pour la radio.
Les beaux dimanches, Editions Quadrature

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Magali Duru nous emmène au Japon, au bord de la mer, dans une prison, dans une autre époque...Je repars lutter contre les vents du Lauragais sous deux kilos de duvet d'oie.
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10 septembre 2007 1 10 /09 /septembre /2007 11:05
S'arracher au sommeil à une heure de l'après-midi
Un expresso.
Ne pas avoir faim.
Un expresso.
Se poser dans la chilienne, avec un polar.
Tiens, je vais tenter Robert Crais, il écrit sur Los Angeles.
Avoir faim. Il est quelle heure?
Un expresso. Il ne faut pas dormir maintenant, sinon tu ne dormiras pas ce soir.
Robert Crais est excellent. Le soleil de septembre est brûlant.
Le héros erre sur les highways de Californie. Sa recherche est sans fin. Il fait chaud.
Un expresso? C'est le quatrième, attention!
Le héros porte un nom qui invite au rêve: Elvis Cole. 
Je vois des banquettes de cuir rouge et du formica, une serveuse très blonde en mini-jupe, du hamburger géant, avec cheddar.
J'ai faim. 
Le roman s'achève en apothéose.
Bonne pioche. 

L'homme sans passé

J'avais déjà aimé LA requiem...
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Sur un lit de fleurs blanches 

Editions du Masque

18 Juillet 2012

 

 

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