..."J'ai bien une inclination coupable pour les romans policiers - mais je tiens ceux que je lis pour de la haute littérature. Il m'est particulièrement pénible, certains jours, de devoir m'extirper de la lecture d'un Connelly ou d'un Mankell pour aller répondre au coup de sonnette de Bernard Grelier ou de Sabine Pallières, dont les préoccupations ne sont pas congruentes aux méditations de Harry Bosch, le flic amateur de jazz du LAPD, spécialement lorsqu'ils me demandent:
- Pourquoi les ordures sentent dans la cour?"...
L'inénarrable concierge en chaussons Scholl de Muriel Barbery (si vous n'avez pas entendu parler d'elle, c'est que vous habitez le pôle Nord, ou que vous venez d'avoir un bébé), qui laisse brailler téhéfun dans le vestibule tandis qu'elle se repait de documentaires confidentiels dans son salon, et appelle ses chats Léon (parce que Tolstoï) , Dongo (parce que Fabrice Del) ou Karénine (parce qu'Anna), se nourrit donc aussi de littéraure polardeuse.
Entre deux réflexions sur l'inanité de la phénoménologie et la brillance de Kant, elle lit "Le Poète", qui met en échec tous les flics des Etats Unis, ou se délecte des états d'âme d'un policier suédois un peu empoté.
Voilà qui me plait bien, comme vous pouvez l'imaginer!
Très stimulant, lu entre Bordeaux et Toulouse ce matin dans un Corail effroyablement sale. Le livre est à la mode comme celui dont je me plaignait l'autre jour, mais pour celui-ci, il serait dommage de passer à côté.
La langue est parfois si riche qu'elle nous égare un peu. Eh bien, tant pis! Revenez donc sur les longues phrases scandées par les virgules et les pronoms relatifs. Cela fait du bien de se concentrer.