Hé oui, voici une quatrième partie au Roman de Maria Anna, nouvelle écrite à la courtoise (défi littéraire!) demande de Majoma!
C'est un dessin de Bullotin, qui a lu et illustré la nouvelle!
Le début, c'est ici!
Hé oui, voici une quatrième partie au Roman de Maria Anna, nouvelle écrite à la courtoise (défi littéraire!) demande de Majoma!
C'est un dessin de Bullotin, qui a lu et illustré la nouvelle!
Le début, c'est ici!
Le roman de Maria Anna partie 2 Paolo, c’était le môme du dessus, le fils du général Dei Santi. Quinze ans, toujours le nez au vent, curieux comme une vieille femme. Ses boucles blondes d’angelot lui donnait un air de fille de bonne famille, et d’autant qu’il les laissait tomber sur les épaules, avec même parfois, un bandeau pour les tenir en arrière, ce qui mettait son père au bord de l’apoplexie. Maria Anna lui donnait des cours de Français, les mardi et vendredi soirs sur le coup de six heures, avant que la famille Dei Santi ne passe à table sous le lustre à pampilles, après le Benedicite. Elle essayait d’intéresser le drôle à la littérature la plus belle du monde, mais la seule question qui passionnait l’animal était : « Est-il vrai que Casanova a écrit ses mémoires directement en Français ? » Et si on essayait Casanova dans le texte, hein, Maria Anna ? Qu’est-ce que tu penses de ça ? Quand Lucia était par là, les yeux de Paolo lui sortait de la tête, et il aurait connu le sort du gondolier tombé à la flotte à la vue des seins pigeonnants de la jeune femme. Paolo jouait avec Lucia le petit théâtre qu’elle servait elle-même à Roman, frôlant, glissant contre elle, laissant tomber sa game boy au moment où elle croisait haut les jambes, à la recherche de la bordure de dentelle écarlate, de la peau dorée et un peu plus encore car Lucia croisait les jambes vraiment très haut. Lucia éprouvait la même joie enfantine à agiter l’adolescent prépubère et le vieillard libidineux : le regard halluciné de Paolo louchant sur sa lingerie était un hommage qu’elle acceptait en bonne fille. L’accord des participes passé en français en prenait un coup dans l’aile, mais Maria Anna acceptait de ne pas être plus royaliste que le roi. L’éducation sensuelle de Paolo se faisait donc bon an mal an, entre deux textes édifiants de Monsieur Gide. Lucia le convainquit sans mal de s’inviter chez Roman. Le sein jaillissant du bonnet et la bouche humide, elle poussa littéralement le gamin hors de chez Maria-Anna pour le lâcher sur le palier devant chez Roman. Paolo, haletant, tendu comme une corde à violon, rendu totalement ivre par la fragrance capiteuse de Lucia (elle se fournissait spécialement dans une boutique confidentielle) se laissa déposer comme un paquet, en remerciant le ciel de ne pas être sommé par la belle d’user de ses armes sur le champ. Car l’adolescence et le tourbillon hormonal qui la caractérise rendent parfois ces choses-là aléatoires. Le sourire extatique et quasiment idiot qu’arborait Paolo lorsque Roman lui ouvrit la porte laissa son interlocuteur tout à fait perplexe. Lucia cueillit l’adolescent comme une fleur coupée deux heures plus tard, alors qu’il sortait titubant de chez Roman. Elle le transporta maternellement chez Maria Anna, qui crut entendre, juste derrière la porte, le bruit d’un baiser qui claque, un gémissement de fille qui s’émeut, et le son très reconnaissable d’une gifle assez bien assenée : - Tu empestes l’alcool ! cria vertueusement Lucia Roman n’était pas gay, comme le proclamaient les quelques somptueux tableaux de femmes accrochés à ses murs et son insensibilité totale à un Paolo languissant à souhait (ou du moins Lucia, qui se satisfaisait de peu, considéra-t-elle les choses comme réglées). Il buvait en revanche comme un Polonais, et les deux mâles s’étaient virilement torchés à la vodka rapportée de Varsovie. Paolo exultait car il avait contemplé un tableau français dissimulé derrière un rideau que l’autre lui avait vendu comme « L’origine du Monde », et il rougissait par plaques en se remémorant le sujet traité (oui, oui, il avait déjà vu des photos pornos, ils se les passaient sous le manteau chez les Bons Pères, mais là, ça n’avait rien, mais rien à voir). Il avait tenté la mise en application immédiate, car la couleur dorée et lumineuse de la peau, juste en haut des cuisses qui s’ouvraient sur la toile était bien celle, il en était sûr de la signorina Lucia. La manœuvre était risquée, mais il accepta la gifle de bonne grâce : la peau était aussi douce et aussi soyeuse que prévue. Maria Anna les dévisageait avec un agacement perceptible : Lucia était puérile. Elle avait bien dit que cette idée d’envoyer Paolo en éclaireur était ridicule. Elle allait intervenir sans mâcher ses mots quand le bruit de la porte qui se rabat la fit sursauter : - Il sort ! C’en était trop : laissant les deux imbéciles qui se bécotaient maintenant avec délectation, mélanger l’odeur de Vodka et le parfum de luxe, elle saisit son imperméable à la volée et dévala les escaliers, à la poursuite de l’Homme de l’Est.